Il suffit de bien juger
Pour bien faire,
Et de juger le mieux qu’on puisse
Pour faire le mieux qu’on peut.
Et lorsqu’on est certain
Que cela est,
On ne saurait manquer
D’être content.

Descartes. Le discours de la méthode

Au début il y a eu une rencontre sur un salon de peinture où j’exposais mes peintures écrites.  C’était au cœur de l’hiver au loin l’on entendait les émotions que provoquent une finale de coupe du monde de football. Sur mon stand s’attardait un regardeur emmitouflé dans une grosse doudoune et captivé par un de mes tableaux intitulé « La terre est ronde ».

En m’approchant je vis sortir de plusieurs couches de vêtements un chinois en hiver : Chen Weinong. Nous discutâmes comme on put, lui de calligraphie, moi de peintures écrites.

Après une bonne demi-heure de discussion je lui lançais : « on devrait se faire une battle d’écriture. »

Il me répondit du tac au tac. « Toi tu trouves le lieu et on le fait »

Et grâce à l’hospitalité de Frédéric de Beauvoir, maître des lieux. Nous voilà.

Lui à déconstruire la calligraphie, moi à dés-écrire les livres, il ne nous manquait plus qu’un dernier acolyte sculpteur, pourfendeur et bourreau des livres en la personne de Serge Delaume.

Rapidement un thème s’imposa à nous, nous allions mettre la cata dans les strophes.

Cata-strophe nous invite à une exploration festive et carnavalesque où les philosophes jouent les fous, où les textes se dés-écrivent et s’effacent. Ou la Chine et l’Occident se regardent les yeux dans les lettres, où les livres sont promis et soumis au plus sévère des traitements où les idées redescendent dans la caverne de Platon parce qu’au dehors le soleil nous brûle.

Parce que tout ce en quoi nous avions cru se retourne contre nous, nous nous retrouvons cul par dessus tête.

Parce que tout ce qui nous semblait positif – le progrès des connaissances, les innovations techniques, l’universalité des droits, la croissance économique – révèle son degré de dangerosité.

Nous apprenons, nous, vieux modernes, à vivre dans l’ombre menaçante des catastrophes à venir.

Afin de nous y aider l’exposition s’accompagne d’un cycle de conférences philosophiques intitulé :

« Et si la philosophie n’était pas la solution mais le problème »– cf. programme ci-dessous

Ce grand renversement ne doit pas être considéré comme un terrible coup du sort parce qu’il est le résultat des arbitrages qui ont fait notre civilisation.

La catastrophe nous ressemble.

Et Puisqu’elle est notre, autant apprendre à s’en jouer, à s’en saisir avec toute l’énergie de notre trouble, c’est ce que nous proposera la compagnie Nagas à travers son spectacle « Jouer avec la catastrophe ». Ainsi que le court métrage de Julie Colly intitulé : Cache-cache.