Projection – The End of Fear
– PROJECTION-DÉBAT SENSOPROJEKT –
Vendredi 14 Mars 2025 à 20h
Le débat sera animé par Alyssa Verbizh, réalisatrice, Présidente de SensoProkekt, et Stéphanie Elarbi, cheffe du service de la restauration au Centre Pompidou, en charge de la préservation des collections du Musée National d’Art Moderne. Conservatrice-restauratrice d’art contemporain et d’objet ethnographiques, elle fut précédemment chargée de la restauration au musée du quai Branly – Jacques Chirac et enseigne dans les différents cursus de la discipline.
THE END OF FEAR
(2018, Barbara Visser – 70’ , N&B et couleur – Pays-Bas)
Barbara Visser visite le Stedelijk Museum d’Amsterdam avec l’école en 1975. En arrivant devant l’écrasante toile de Barnett Newman -245*544 cm peints en rouge cadmium, avec un liseré bleu et un liséré jaune de chaque côté- « Who’s Afraid of Red, Yellow, and Blue III» (1967), la fillette de neuf ans ressent un choc si profond qu’elle sort du musée en courant, « très fâchée », se souvient-elle. Devenue adulte, Barbara Visser fait passer en 2017 une annonce dans la presse : « cinéaste cherche artiste pour réaliser une grande peinture de commande, …, la mission est de s’approcher le plus possible de l’œuvre originale sur la base de descriptions ». Renske van Enckevort, une frêle jeune peintre à tête de biche, relève le défi.
Entre ces deux dates s’est joué un véritable thriller qui fera rentrer l’œuvre dans la légende.
En 1986, Gerard Jan Van Blanderen, peintre au chômage, prend son cutter et lacère le tableau de Newman, y creusant cinq profondes entailles. La profession hurle à l’assassinat, au crime. Comment va-t-on pouvoir retrouver ce rouge diabolique, impitoyable ? Après des années de tentatives infructueuses, le restaurateur new-yorkais Daniel Goldreyer finit par passer au rouleau toute la surface au vermillon industriel, faisant perdre à la toile sa surface originelle et, partant, son magnétisme, son pouvoir d’intimidation, sa dimension spirituelle. Deuxième meurtre, donc.
De son côté, Barbara Visser, par une mise en abyme constante du film et de son tournage, retrace cinquante ans d’évolution des rapports entre le public et l’abstraction, reflets des tensions sociales, xénophobes, raciales, et pas uniquement esthétiques. Newman, pour qui « un art digne de ce nom devrait traiter de la vie, de la guerre, de la nature, de la mort et de la tragédie » voulait que ses tableaux confrontent chacun de nous à sa propre totalité. Aux risques et périls des œuvres.
Réalisation : Barbara Visser
Image : Niels van Koevorden
Montage : Xander Nijsten
Compositeur : Juho Normela
Production : De Familie Film & TV, Amsterdam
Tournages additionnels: Radka Šišuláková
Sous-titrage français : SensoProjekt
Durée : 70 min