Le film français Le Modèle réalisé par Max Ophüls en 1952 (d’après l’adaptation de trois nouvelles de Guy de Maupassant) se termine avec cette réplique énigmatique : Le bonheur n’est pas gai.

Quelle est la différence entre le plaisir et le bonheur ? Souvent perçu comme une satisfaction immédiate et superficielle des sens, par nature éphémère, le plaisir se différencie du bonheur, qui, lui, est censé être un état durable et stable. Le plaisir excite. Le bonheur rend serein.

Quel que soit la définition du bonheur, il n’en est qu’une seule du plaisir : un besoin de dopamine. Robert Lustig, neuroendocrinologue de l’Université de California, dans son livre « The hacking of the American mind », démontre comment les industries de consommation ont réussi à nous rendre dépendants de ce besoin de dopamine. Pour Lustig, le plaisir est « de courte durée, instinctif, matériel, et solitaire ». La seule récompense : la dopamine

Le volet 1 de l’exposition Plaisir se concentre sur la notion de « plaisir » dans son apport immédiat et ses travers, excès et conséquences. Les artistes, cruellement, ironiquement, poétiquement, dénonciateurs parfois, ont tous une réflexion sur la notion de plaisir immédiat, de récompense et d’addiction émotionnelle ou physique, à l’aide de mediums différents. Céline Cléron et Julie de Sousa nous parlent de nourriture, alors que Bastien Cuenot de (sur)consommation. Jeanne Suspluglas nous parle du besoin de pharmacopée et Mathieu Weiler de sa surdose. La drogue avec la fleur à base de MDA de Bryan Crockett, les artéfacts du sexe ou de l’amour avec les sculptures de Jessy Deshais et de Corine Borgnet prolongent la réflexion. Les notions d’érotisme et sexe se retrouvent dans l’empreinte sensuelle du corps avec la vidéo d’Helene Langlois ou avec les photos de Jean-Luc Caradec ou Jérôme Combe. La dérision se définie dans la vidéo de Nicolas Tourte. La peinture de Sebastien Layral D’Alessandro, nous conte alors la mythologie d’un plaisir interdit.

 — Corine Borgnet