« Les Animaux ont une histoire » proclamait Robert Delors en 1993, une histoire que leur a écrite l’humanité ; une histoire contre et avec les hommes, une histoire au cœur de notre civilisation et évoluant avec elle. Une histoire qui connut de grands retournements à l’image de l’ours, roi des animaux de l’Europe païenne perdant sa couronne au profit du lion, issus du Moyen Orient, comme le christianisme, religion qui le porte sur le trône.

Le Moyen Âge, âge d’or figuratif pour toute une zoologie, constituée d’animaux réels et de créatures monstrueuses, a été très bavard à propos de l’animal bien que se concentrant autour d’un bestiaire réduit d’animaux réels comme chimériques. Un bestiaire qui reste très présent dans l’imaginaire de notre époque, presque coupée de la nature, mais qui ne cesse d’utiliser l’animal fantasmé dans la publicité, la bande dessinée… Ainsi ne grandit-on pas toujours avec pour compagnon un ours en peluche, dernier reliquat du roi déchu ?

Pourtant l’animal, lorsqu’il n’est pas relégué à la portion congrue de la Terre, disparaissant avec les espaces naturels, est aussi chosifié, devenu une matière première à l’heure de l’industrie agroalimentaire.

C’est cette histoire empreinte de dimension symbolique, mettant en lumière notre coexistence culturelle avec l’animal avant que celle-ci connaisse le grand retournement de la modernité que nous souhaitons explorer à travers notre parcours artistique.

— Fabienne Rousseau et Frédéric de Beauvoir