Projection – MULHERES RADICAIS – RADICAL WOMEN : Latin American Art 1960-1985
– PROJECTION-DÉBAT SENSOPROJEKT –
Mercredi 9 juillet 2025 à 20h
La projection sera suivie d’un débat en présence de Marisol Rodriguez (Mexico, 1984), curatrice et critique indépendante aujourd’hui directrice artistique de la Ibrahim Gallery, et Isadora Soares Belletti (Brésil, 1995), artiste multimédia et autrice de la vidéo Closer to You avec l’artiste Tereshina Soares présente dans le film.
Cette discussion sera menée par Isabelle de Visscher-Lemaître, membre co-fondactrice de SensoProjekt.
MULHERES RADICAIS – RADICAL WOMEN : Latin American Art 1960-1985
De Isabel De Luca et Isabel Nascimento Silva, Conspiraçao, Hysteria, Curta!, espagnol, portugais, anglais, VOSTF, Brésil, 2024.
« Il y a des femmes qui pensent avec leur corps, il y a des femmes qui pensent à travers le corps, il y a des femmes qui pensent à partir de l’image du corps, ou à partir du corps de l’image », telles sont les propos chuchotés au début du film, et qui lui tiennent lieu de fil conducteur. Car Radical Women met en résonnance le travail de 11 artistes présentes dans l’exposition éponyme qui en comportait 127, toutes issues d’Amérique du Sud j’y reviendrai, dont le rapport au corps est central, un corps sexué et sexuel, un corps violenté ou compasionnel, un corps identitaire et social, un « corps politique » au sens où il se préoccupe d’idéologie, de pouvoir et de contrôle – ici même subvertis, transgressés et ce, à partir d’une posture foncièrement féminine.
A l’origine du film donc, citons la fameuse exposition menée par les commissaires Cecilia Fajardo Hill (GB, Venezuela) et Andrea Giunta (Argentine) qui ponctuent les séquences filmiques. Présentée en 2017 au Hammer Museum à Los Angeles (puis à NY et à Sao Paulo), elle rassemblait les œuvres d’un nombre impressionnant d’artistes femmes ou chicanas de toute l’Amérique latine durant la période des dictatures. Le programme mixait des artistes amplement reconnues comme Lygia Clark, Ana Mendieta, Lygia Pape à beaucoup d’autres largement ignorées. Le film ne rend compte que d’une partie de ce programme. Les deux réalisatrices Isabel De Luca et Isabel Nascimento Silva se sont focalisées sur les artistes (encore vivantes) désireuses de prendre part au tournage – réalisé entre Sao Paulo et New York. Ce film alternant entre un rendu très cadencé d’archives exceptionnelles et la mémoire vive de ce temps reculé, documente généreusement l’œuvre d’artistes peu connues comme Liliana Porter, Claudia Andujar ou Graciela Carnevale voire inconnues du monde de l’art occidental auparavant, c’est le cas de Leonora de Barros.
Le sujet de ce documentaire à la fois classique et excentrique est terriblement actuel et en cela, passionnant tant il pointe cette nécessité de revisiter les canons et les récits qui ont configuré l’histoire de l’art moderne et contemporain prétendument universel. Soit tant il montre « ce que les femmes avaient ou non accompli dans des circonstances historiques spécifiques et face à des barrières et des opportunités sociales particulières – où les discours de domination masculine et de génie avaient une emprise totale », pour citer Linda Nochlin, immense pionnière dans cette approche féministe de l’histoire de l’art.
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Toutes deux brésiliennes, les réalisatrices Isabel de Luca et Isabel Nascimento Silva sont pour l’une journaliste et l’autre réalisatrice et productrice. Celle-ci a cocréé la plateforme Hysteria qui donne la parole aux femmes et leurs récits. Ensemble, elles réalisent Radical Women qui sera présenté tant au BAFF à Bruxelles, qu’aux Rencontres du film d’art à Saint-Gaudens et au Festival Lo Schermo dell’Arte à Florence – pour citer quelques lieux limitrophes et emblématiques de la programmation du film sur l’art.
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Durée : 71 min