Exposition
Crépuscules
Du 05 janvier au 25 février 2023
Vernissage le jeudi 05 janvier de 18h30 à 22h00
ARTISTES
Guillaume Antoine – Anaïs Charras -Jérôme Delépine – Evelyne Galinski
Le Soleil se couche faisant place au crépuscule.
« Le soir tombe et je ne sais quelle tristesse monte et me submerge…’’ écrivait le philosophe André Comte-Sponville.
Synonyme de déclin, de ce qui se rapproche de la fin, le crépuscule nous plonge dans un état mélancolique. Car même pour ‘‘les plus optimistes’’ d’entre nous, nous partageons tous une forme de tristesse liée au tragique inévitable de la condition humaine.
Tels les personnages d’Anaïs Charras comme des anges déchus ou égarés sur cette Terre, liés entre eux malgré eux, liés avec le monde par des fils si fins qu’on questionne leur solidité…. La gravure Peine perdue nous plonge dans un univers onirique où ces étranges « bonhommes » nous renvoie bien à notre propre situation absurde ; et malgré les efforts déployés, l’on devine l’impossibilité d’y arriver.
Nos rêves de bonheur et de réussite sont condamnés ; condamnés à l’absurde situation de notre finitude d’être vivant. Pourtant, ‘‘on ne découvre pas l’absurde sans être tenté d’écrire quelque traité du bonheur…’’ Car le bonheur et le désespoir sont ‘‘deux fils de la même terre’’, dit Camus.
Faisons de cette tragédie qui pèse lourd sur chacun d’entre nous, un ‘‘bonheur’’. Il y a toujours sur le chemin de la vie plusieurs directions avec au bout du chemin, un point d’horizon lumineux.
Dans les œuvres de Guillaume Antoine, nous ressentons avec force cette itinérance humaine, telle la figure du vagabond, chère au théâtre de Samuel Beckett, qui s’interroge sur le chemin à emprunter. L’artiste nous invite ainsi à nous égarer par le jeu des contrastes de lumière en noir et blanc dans des paysages broussailleux où apparaissent des routes bien tracées ; mais pour aller où .. il y a bien ce crucifix dressé , dominant au bord du chemin – Croix du chemin , chemin de Croix – nous indique-t-il une direction ? ou plutôt sonne-t-il comme un rappel à ce qui nous attend juste au bout… là où nos yeux ne distinguent rien ; mais peut-être ne savent-ils pas voir ; tout au plus, ils savent imaginer.
Car, a y bien Observé, l’harmonie du monde repose sur la continuité entre l’ombre et la lumière. Et ce passage continu entre la vie et la mort ne les fait pas s’opposer mais plutôt communiquer et échanger, se nourrissant continuellement.
Paradoxalement, le crépuscule désigne aussi cette lueur atmosphérique juste avant le lever du Soleil. Crépuscule du soir versus crépuscule du matin, où chaque chose revêt un contour imprécis à la faible leur de la lumière.
Dans les tableaux de Jérôme Delépine, les paysages floutés brouillent les pistes temporelles. Coucher ou lever du Soleil, aube ou crépuscule, « les ciels » se déclinent toujours aussi beaux, mystérieux, fascinants se confondant, se transformant …Ils deviennent les Cieux, royaume du Divin, pouvoir céleste ; les Cieux, transporteurs d’âmes vers l’au-delà.
Inscrites comme une corrélation entre les différentes œuvres exposées, surgissent les sculptures d’Evelyne Galinski telles des âmes , du fond des âges, émergentes « d’un entre-deux mondes pour le moins étrange où rêve et réalité semblent coexister dans la plus parfaite des harmonies » .
… Et c’est, au fond, cette continuité qui donne tout le sens de notre existence, dans ce mouvement cyclique perpétuel et éternel entre la vie et la mort.
Jérôme Delépine, Les heures sombres, huile sur toile, 162x130cm. 2022
Guillaume Antoine